En 1953, une petite troupe de théâtre formée d’acteurs bénévoles se produit dans quelques paroisses de la région de Montréal. Les Jongleurs de la Montagne explorent les méandres du jeu d’art dramatique religieux sous la supervision attentive du père Émile Legault, c.s.c. , lequel vient alors de mettre fin à sa collaboration avec Les Compagnons de Saint-Laurent.

Père Émile Legault, c.s.c. Date inconnue.
Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal (211.178-20)

Souhaitant poursuivre une expérience théâtrale tournée vers les thèmes et les textes religieux, les instigateurs des Jongleurs approchent le père Legault comme directeur spirituel d’abord, et comme   « aviseur technique » [sic] ensuite. Le but de la troupe est de « présenter des spectacles religieux à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal [pour] supplémenter selon la mesure [des moyens de la troupe] le travail spirituel de la prière et de la prédication accompli dans l’ambiance de l’Oratoire »1 . C’est dans ce que l’on appelle à l’époque la Salle des pèlerins, bâtiment sis dans le stationnement du sanctuaire, que les Jongleurs établissent leur quartier général.

Programme de la pièce « Premiers gestes », 1953.
Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal (I.2011/065)

La troupe des Jongleurs désire accomplir une œuvre d’apostolat à travers ses représentations. Elle s’engage à ne produire que des spectacles religieux et l’action dramatique des comédiens et comédiennes engagés est explicitement au service de la foi. De plus, le répertoire cherche à s’inscrire dans le calendrier liturgique de l’Église2 . C’est dans ces conditions qu’est écrite et présentée la première pièce de la troupe intitulée « Premiers gestes », sur le thème de la Nativité.

Décor pour la pièce « Premiers gestes », 1953.
Archives de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal (I.2011/065)

Cette création du père Legault et n’est pas une nativité ordinaire. Plutôt, elle fait la « synthèse dramatique ramassée des événements de l’Incarnation : la Création d’Adam et d’Ève; la Tentation essentielle au Paradis; l’Annonce à la Vierge; l’Annonce à Joseph; la Quête d’une hôtellerie; la Naissance dans la nuit merveilleuse. »3. Fait intéressant, tous les comédiens sont anonymes. On ne connaît que les prénoms, et encore, que pour les artisans des décors et des costumes. Seul le compositeur de la musique de la pièce est identifié. Il s’agit de M. Émilien Allard, carillonneur de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Pour la représentation, les cloches ont été remplacées par une … une flûte à bec ! La représentation est jouée à quatre reprises et on offre des billets à un prix spécial de 0,35 $ pour les écoliers et les collégiens. Pour les accompagnateurs, on fixe le prix à 1 $…

Nous savons encore peu de chose sur la troupe des Jongleurs de la Montagne. Mais les archives recèlent encore de bien des trésors à découvrir. C’est à suivre…

  1. Les Jongleurs, projet soumis à S.E. le Cardinal P.-E. Leger, archevêque de Montréal, juin 1954. Archives OSJ, I.2011/065
  2. Mémoire soumis au R.P. Émile Deguire, c.s.c., supérieur de l’Oratoire Saint-Joseph, [après 1954]. Archives OSJ, I.2011/065
  3. Communiqué pour le Spectacle de Noël chez les Jongleurs de la Montagne, [1953]. Archives OSJ, I.2011/065