Nous avons un témoin, quelle chance!

En entendant le mot « témoin », n’est-il pas assez commun que vienne à l’esprit, l’idée immédiate de quelque situation, en contexte plutôt juridique… « que le prochain témoin s’avance à la barre ». Moment solennel d’engagement. C’est par lui (par eux) que la lumière sur la vérité, aura plus de chance d’être authentiquement rejointe, révélée.

Ce n’est pas peu dire de son importance, de son utilité, de sa force de personnalisation : témoin d’un accident, témoin de mariage, témoin de testament. Grâce à son rôle, se bâtit l’histoire mondiale, profane et sainte, le sens humain des réalités est retenu.

Il est dit du frère André qu’il est « un ami, un frère, saint ». Le cardinal Turcotte précisera, lors de la grande fête au stade olympique, qu’il est « un saint bien de chez nous ». Modestement, j’ajouterais au palmarès, qu’il est un superbe témoin d’une vie continue de foi, d’espérance et de charité. Il me semble ne pas exagérer en le classant dans la lignée même des apôtres, premiers témoins de l’Évangile.

Jésus lui-même s’est défini dans ce rôle. À la face même des autorités religieuses, voire de ses disciples, il a fait de toute sa vie, gestes et paroles, l’exécution du désir de son Père qui est dans les cieux. : « Père que ta volonté soit faite, et non la mienne ». « Qui m’a vu, a vu le Père ».

Dans une unité divine égale à Dieu, il réalise sa mission de sauveur par d’étonnantes actions : miracles de guérisons (thaumaturge), multiples miracles de puissance (Cana, multiplications de pains), enseignements lumineux (jamais homme n’a parlé comme cet homme). Pauvres, malades, pécheurs ont toute sa compassion et bénéficient de ses instantes prières à son Père, dans le retrait discret de la montagne.

Sa destinée ultime, lui fait traverser les affres de sa passion jusqu’à la condamnation à une ignominieuse mort, mais c’est par elle qu’il réalise son passage à la gloire de la Résurrection : vie d’amour et de bonheur offert à tous…et nous le savons par les témoins qu’il s’est donnés.

À la faveur d’apparitions post-pascales, il affermit leur foi, et à l’aide de l’accompagnement des dons de l’Esprit, il les envoie apporter la Bonne Nouvelle de par le monde entier. Ainsi Pierre, plein de conviction inébranlable, n’hésite pas à continuer l’œuvre de son maître. À l’infirme affolé à la Belle Porte, il commandera : « ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus le Nazaréen, marche! » Au Sanhédrin soupçonneux, Pierre déclara sans ambages : « Nous ne pouvons certes pas, quant à nous, taire ce que nous avons vu et entendu. »

À peu de choses près, notre réflexion ci-devant, ne s’applique-t-elle pas à notre Saint Frère André. En union permanente avec saint Joseph, il console, il soigne. Par sa foi, il creuse dans les montagnes, un TEMPLE, témoin impressionnant, en collaboration d’indispensables amis.

Amis du frère André, se serait-il pas préférable, de voir en lui moins un témoin par chance, qu’un témoin par grâce… qui nous est donné!

Père Bertrand Badeau, c.s.c.